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film musical - Page 3

  • The Wiz (1978)

    Un film de Sidney Lumet

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    A l’heure de la sortie de This is it en vidéo, revenons quelques instants sur le premier rôle ciné de Michael Jackson.

    Pourquoi a-t-on envie de voir The Wiz ? Pour tenter le décalage de cette version noire du Magicien d’Oz (en fait transposition cinématographique du spectacle musical créé en 1975), pour la vitrine maison qu’en fait Motown -Berry Gordy en avait acquis les droits d’adaptation, et Quincy Jones a contribué à enrichir l’orchestration, interprété par la star Diana Ross-, ou pour la prestation de Michael, Jackson, fondatrice dans sa passion pour le cinéma ? Un peu pour tout ça en même temps, mais le déclic qui nous fait mettre la galette dans le lecteur pourrait bien être cette découverte d’une facette inédite de l’artiste le plus médiatique du XXème siècle.

    C’est d’un gros projet qu’hérite le réalisateur de Serpico et d’Un après-midi de chien (après que John Badham, réalisateur demandé par Berry Gordy, ne soit viré... pour avoir critiqué le choix de Diana Ross pour interpréter Dorothy, 16 ans dans le bouquin et 24 dans le musical). Pour rappel, la chanteuse de Supremes avait 34 ans à l’époque du tournage. Le show de Broadway ayant bien marché, les moyens sont mis sur la table. De grands décors, une belle figuration, beaucoup de danseurs, un travail musical de qualité... Le four n’en sera que plus dur : le budget sera à peine remboursé de moitié.

    Comment peut-on expliquer ce désamour ? Tout d’abord, la naïveté du message ne seyait pas forcément à la dureté générale et la dimension désabusée des années 70 aux Etats-Unis. Sûrement peut-on aussi avancer qu’un film composé d’un casting uniquement noir ne devait pas plaire à tout le monde, Le magicien d’Oz étant rentré dans le cœur des américains comme un véritable mythe fondateur de leur identité WASP ; alors qu’en fait, il s’agit exactement du même créneau en plus claustrophobique encore, qui est ici défendu (rappelez-vous de "On est jamais mieux que chez soi", leitmotiv aventurier s’il en est). Diana Ross surjoue en effet constamment les côtés dramatiques de son personnage, qui n’est jamais sortie de chez elle, faisant des yeux ronds et apeurés à tout bout de champs, avec la larme très facile. Seule la couleur change.

    Artistiquement, les partis pris de mise en scène de Sidney Lumet sont pour le moins étranges, cantonnant le plus souvent dans la position du spectateur qui regarde une pièce. Très statique, n’usant pour la plupart des cadres que d’une échelle de plan (le plan d’ensemble), la mise en scène pêche par une trop grande transparence. De plus, elle est vraiment mise à mal lors des séquences chorégraphiées, qui, si les mouvements dont elles sont constituées sont agréables et intéressant, ne sont aucunement mises en valeur par cette mise en scène.

    A la féerie du Magicien d’Oz de Fleming et les autres, est confronté un réalisme urbain qui frappe à chaque coin du cadre (parkings, métros, fêtes foraines sont les lieux clés de l’action). Cette distance, énoncée dans le musical puis reprise, ne joue pas non plus pleinement son rôle, trouvant ces limites dans des passages qui fleurent bon le Z (les piliers du métro qui s’en prennent au quatuor, les singes motards). Que dire des danseurs en strings dorés...

    Enfin, pouvons-nous parler de Michael Jackson, qui s’est visiblement amusé comme un petit fou sur ce tournage : sensible, le rôle de l’épouvantail dégingandé lui va comme un gant, citant à la volée des vers de Shakespeare, ou des leçons de vie sorti du panthéon littéraire dont il est lui-même constitué ; son cerveau fait de papier mâché. A 20 ans à peine, il délivre une très interprétation tellement évidente de charisme qu’il vole les scène dans lesquelles il apparaît, évidemment dominé par ses prestations dansées dans lesquelles il était déjà stratosphériquement supérieur. S’il est clair que le maquillage ne le met pas en valeur -ajoutant une pierre encore à l’édifice de ses multiples transformations-, cela semblait l’aider à se défaire d’un rôle qu’il avait à jouer, et ce 24h/24. Comme lorsqu’il était sur scène, s’acharnant à reconstituer un Barnum gigantesque, ce film constitue une belle cour de récré pour l’éternel enfant qu’il semblait être, et dans laquelle il ne fait aucun doute qu’il s’y sentait dans son élément, comme chez lui.

  • Across the universe (2007)

    Un film de Julie Taymor

    3359461336_d02ab4532e_m.jpgRaconter une histoire (d’amour) en prenant pour matériau les chansons mythiques créées par les non moins mythiques Beatles. Tel est la proposition de ce film, forcément musical. En cela, le début constitue un préambule qui teste le spectateur, qui va recevoir une demi-douzaine de pop songs dans les oreilles pendant le premier quart d’heure, presque sans mot parlé. De fait, ce début fait montre de son concept, et dans le même temps prends le gros risque de désolidariser le spectateur avec le fil (ténu) du récit ; il le paie au prix fort. On a beau être charmé par les réorchestrations parfois ingénieuses de l’œuvre des quatre de Liverpool, on ne peut foncièrement pas accrocher à cette histoire d’amour contrariée, qui paraît d’autant plus artificielle que tout, des décors aux mouvements de caméra, ne semblent être que prétextes à une partie de jukebox géant qui s’éternise rapidement. Les acteurs, sélectionnés en premier lieu pour leur voix (très belles performances de l’ensemble du cast) ne sont pas franchement charismatiques ; le fadasse Jim Sturgess en premier lieu, qui donne cependant le ton de la romance en commençant dès les premières images à chanter Girl : l’objet de son affection, celui du film. Le personnage du jeune homme (Jude) est d’ailleurs plus une caricature qu’autre chose, artiste maudit dont le cœur est sans cesse mis à l’épreuve, comme l’illustre de belle manière la séquence de Strawberry Fields Forever, à coups de fraises épinglées sur une toile blanche.

    Déroulant son semblant de trame narrative à l’époque où les Beatles rendaient fous le monde entier, on passe ainsi de la guerre du Viêt-Nam, à l’assassinat de Martin Luther King, tout ceci composant une toile de fond essayant de capter la sensibilité d’une époque, et n’y parvenant que rarement. Un des dinosaures des années Woodstock est d’ailleurs de la partie, j’ai nommé un Joe Cocker qui se permet de jouer...à la Joe Cocker, mimiques faciales et tremblements de mains à l’appui, qui accompagne la partie psychédélique, phase plus réussie du film, convoquant épisodiquement la noirceur d’un The Wall (Alan Parker, 1982), notamment par l’intermédiaire de l'ami de Jude, parti au Viêt-Nam et revenu salement amoché -la chanson Happiness Is a Warm Gun, excellente. On y croise aussi un impressionnant Bono, méconnaissable sous ses lunettes et son épaisse moustache. Son jeu est d’ailleurs d’un naturel qui fait du bien au sein de cet univers très fabriqué. Enchaînements de véritables petits clips, certains pris à part étant très beaux (le lancinant Because), d’autres faisant preuve d’une exubérance qui, à la longue, insupporte (Being for the benefit of Mr Kite, qui la joue Moulin Rouge! sous acide). On prendra donc ce long, très long (2h dont la raison d’être est l’empilement du plus grand nombre de chansons dans ce temps imparti) morceau de cinéma musical comme une grosse glace, indigeste à la fin mais qui nous aura réservé certains moments graphiquement intéressants, ce qui incite à regarder le film par séquences. Enfin, entendre un best-of des Beatles est toujours bon à prendre...